Texte à méditer :   La pratique de l'autosuggestion ne remplace pas un traitement médical, mais c'est une aide précieuse pour le malade comme pour le médecin   Emile coué
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Nouvelles de Jean Paul - par cercle coué le 11/12/2020 @ 12:10

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Adhérents, Sympathisants, Chers Amis, bonjour,

 

Je vous remercie très sincèrement pour tous les messages de soutien, de sympathie et d'encouragement que vous nous avez manifestés, à moi et à toute ma famille, depuis le 28 octobre, date de mon accident cardiaque que rien ne laissait prévoir. Je suis toujours hospitalisé, car pendant l'opération un vaisseau canalisant un liquide gras a été perforé. Il faut donc attendre qu'il se cicatrice avant d'envisager une sortie. Pour le reste tout s'est bien passé, le cœur bat normalement et la circulation sanguine est bonne.

Pour cause de confinement, nous devrons sans doute attendre encore plusieurs semaines avant de pouvoir nous réunir à nouveau. Je profite de ce repos forcé pour faire un résumé et un rappel de l'historique et des objectifs du Cercle Coué.

 

1984

C'est en 1984 que j'ai découvert Emile Coué et sa méthode. Dans les années 1980, il était encore très difficile d'observer directement l'activité cérébrale et ses effets sur notre organisme. A cette difficulté s'ajoutait, et s'ajoute toujours, le fait que l'être humain ne perçoit aucune sensation provenant du cerveau. Cet isolement faisait donc du cerveau une "boîte noire" dont le fonctionnement et les relations avec les phénomènes physiques et psychiques étaient difficilement observables et vérifiables. Cette situation laissait la porte ouverte à toutes sortes d'interprétations et de concepts psychologiques, des plus "savants" et inintelligibles, aux plus obscures et aux plus fantaisistes. C'est dans ce contexte que je mis en pratique la méthode Coué, moins connue sous son véritable nom "La maitrise de soi-même par l'autosuggestion consciente". En deux semaines je supprimai des petits tremblements qui se manifestaient au niveau des mains dans certaines situations de trac. Puis très rapidement j'augmentais également ma confiance en moi au quotidien, plus tard j'améliorais la qualité de mon écriture… et suivirent ensuite d'autres améliorations de la vie quotidienne. Non scientifique, mais doté comme beaucoup d'un esprit pragmatique et scientifique, j'avais ainsi expérimenté avec succès la justesse des théories de Coué et la pertinence des principes sur lesquels reposait sa méthode. Dès lors, afin de mieux comprendre ces phénomènes de suggestion et d'autosuggestion, je n'ai cessé de m'intéresser aux travaux des chercheurs ayant une approche scientifique et expérimentale des processus psychologiques. Mais dans les années 1980, il était quasiment impossible de trouver en France des informations sur ces thèmes, si ce n'est des livres de pensées positives ou de développement personnel produits essentiellement par des auteurs américains. Beaucoup de ces ouvrages n'étaient qu'une succession d'affirmations positives ou d'actes de foi, sincères sans doute, mais de peu d'intérêt pour qui veut comprendre. D'autres étaient le récit d'un vécu ou d'une expérience exceptionnelle, tel Norman Cousins, qui révélaient la présence de phénomènes psycho-physiologiques étonnants, mais qui ne les expliquaient pas.

1995

En 1995, nous créâmes avec ma femme et ma fille, Anne-Marie et Annaïg, le Cercle Coué. Notre objectif, inchangé depuis, était :

  • "de promouvoir l'autosuggestion consciente telle que l'a prônée et pratiquée Emile Coué,
  • de contribuer au perfectionnement des techniques d'autosuggestion consciente et de toute autre matière se rapportant directement ou indirectement à cette action,
  • de favoriser la diffusion de ces techniques ou de toute autre technique permettant à l'être humain de mieux se prendre en charge lui-même".

Très rapidement, alors que nous ne l'avions pas envisagé, d'autres adhérents vinrent nous rejoindre et cela fut une chance et un soutien pour l'association. Pendant de nombreuses années nous avons organisé des conférences Coué mensuelles, et parfois bimensuelles, avec un certain succès. Puis le public s'est fait de plus en plus rare. Parfois il arrivait qu'il n'y ait pas de public. C'était alors l'occasion d'échanges et de conversations passionnantes avec les adhérents. Alors que nous étions dans un période de "somnolence", pendant laquelle nous organisions seulement une ou deux conférences par an, c'est Robert Miossec, notre "boîte à idées" et notre trésorier pendant 15 ans, adhérent de la première heure avec sa femme Nelly, qui eut l'idée en 2014 de relancer nos activités sous forme d'ateliers mensuels qui traiteraient des dernières avancées en sciences de l'autosuggestion, en psychologie positive… et autres sujets en lien avec le développement personnel et psychologique des individus. Les sujets ne manquaient pas, car entre 1984 et 2014 les principes de l'autosuggestion définis par Emile Coué avaient été progressivement confirmés par de nombreuses études et expérimentations en neurosciences cognitives, et de nombreuses applications adaptées à notre époque avaient vu le jour.

1996

La plasticité cérébrale

Cette année là je découvris dans un rayon de supermarché, un DVD sur les capacités de transformation du cerveau. Enfin je voyais des scientifiques internationaux qui expliquaient, à l'aide d'expériences et d'observations, que le cerveau n'était pas figé, qu'il pouvait se transformer et se réparer. Parmi ces chercheurs il y avait Jean-Pierre Changeux ainsi qu'un futur prix Nobel de médecine, Eric Kandel. Ce que nous expliquaient ces scientifiques ne contredisait nullement, bien au contraire, ce que Coué, à sa manière, affirmait en son temps au sujet de l'autosuggestion qui, lorsqu'elle a pénétré dans "l'esprit", peut en modifier le fonctionnement et l'action sur le corps. Dans ce DVD ces chercheurs en apportaient la preuve et démontraient que c'était également l'anatomie du cerveau qui se trouvait modifiée.

C'est à partir du milieu des années 1990 que le développement d'internet mit à notre disposition les recherches internationales sur la plasticité cérébrale (la capacité du cerveau à se modifier anatomiquement et fonctionnellement) qui n'étaient pas, sinon difficilement, accessibles en France.

 1998

 V.S. Ramachandran, neuroscientifique indo-américain, invente la boîte à miroir qui permet aux personnes amputées d'un membre, et souffrant de douleurs fantômes, de réduire et parfois de supprimer ces douleurs en imaginant que leur membre amputé est toujours là et qu'elles peuvent le bouger. Depuis, sa technique a été utilisée dans les pays en guerre pour soulager la population civile mutilée par les mines antipersonnel. La boîte à miroir est une variante de la pratique d'Emile Coué qui, pour soigner une femme de ses plaies variqueuses lui demandait de s'autosuggestionner en imaginant que les bords de la plaie se rejoignent progressivement.

2000

A partir des années 2000 les expériences scientifiques démontrant le pouvoir de l'imagination (ou de la pensée) sur le corps se multiplièrent. C'est ainsi qu'Alvaro Pascual Leone confirma ce pouvoir par une expérience dans laquelle des néophytes qui s'imaginaient jouer des phrases musicales simples au piano les mémorisaient et les apprenaient presqu'aussi bien que ceux qui s'entraînaient réellement avec le piano. Cette pratique de visualisation, qui était déjà utilisée depuis quelques décennies par certains sportifs, s'est maintenant généralisée dans ce milieu. Elle est enseignée également aux militaires pour se préparer à l'action sur le terrain, ou aux aviateurs, dont ceux de la patrouille de France. C'est aussi la base des techniques de mémorisation des champions internationaux de la mémoire. On retrouve ces techniques de visualisation dans les psychothérapies cognitives et comportementales, ainsi qu'en chirurgie pour l'hypno-sédation. Les différentes pratiques de développement personnel et de relaxation s'en servent également : yoga, sophrologie, programmation neuro-linguistique…  L'imagerie cérébrale permet aujourd'hui d'expliquer et de mieux comprendre les effets de la visualisation, c'est-à-dire de l'imagination. Elle a montré que lorsqu'une personne fait une action, ou lorsqu'elle l'imagine, elle active partiellement les mêmes neurones. Autrement dit,  pour le cerveau "imaginer c'est faire".

En médecine, les suggestions et les autosuggestions, généralement inconscientes, déclenchent un effet placebo qui exerce une influence, qui est variable, dans la quasi-totalité des maladies, et même en chirurgie : "L'effet principal de tous les médicaments, même ceux dont l'activité est scientifiquement démontrée, est un effet subjectif, dit placebo, dont l'ampleur surprend encore après cinquante ans d'exercice médical" (Ph. Even et B. Debré- Guides des 4000 médicaments -2012). Les avancés technologiques ont permis d'expliquer l'effet placebo par la sécrétion de molécules guérisseuses par le cerveau.

 

Education des enfants et suggestion

Dans ce domaine Emile Coué était également un précurseur. Il recommandait de ne jamais dire à un enfant "Tu n'es qu'un paresseux, un propre à rien"..., parce que cela créerait chez lui les défauts qu'on lui reproche. Il faut, au contraire, même si cela n'est pas absolument vrai, lui dire : "Ah ! Aujourd'hui  tu as mieux fait que d'habitude, c'est bien mon petit". L'enfant, flatté de cet éloge auquel il n'est pas habitué, travaillera certainement mieux la foi suivante et peu à peu, grâce à des encouragements donnés avec discernement, il arrivera à devenir réellement travailleur". De nos jours les dernières recherches en science de l'éducation confirment cette pratique (Voir Stanislas Dehaene, Carol S. Dweck), qui se concrétise dans l'éducation scolaire par le remplacement de la notation au profit d'appréciations : "Non acquis", "En cours d'acquisition", "Acquis".

 

En conclusion

Toutes ces confirmations et toutes ces découvertes scientifiques, avec leurs diverses applications permettant d'améliorer le quotidien de chacun d'entre nous, ont satisfait notre désir de connaissances qui reste cependant toujours très grand. C'est ce nouveau savoir qui, à l'instar de l'éducation scolaire, mettra en difficulté dans les années à venir ceux qui ne l'auront pas acquis. Le but de nos ateliers mensuels est de contribuer à la diffusion de ces connaissances qui vont devenir de plus en plus indispensables aux individus. Nous ne sommes pas des spécialistes de tous ces savoirs, mais nous sommes des passionnés. C'est une partie de cette passion que nous souhaitons communiquer au plus grand nombre, afin que chacun puisse améliorer son quotidien, et soit capable de s'adapter aux inévitables changements de situations qu'il rencontrera dans la vie. Connaître et diriger son cerveau est en passe de devenir une aptitude indispensable dans un monde où les échanges et les informations ne cessent de croître. Mais, de même qu'il n'est pas nécessaire d'être ingénieur mécanicien pour conduire une voiture, il n'est pas nécessaire d'être neuroscientifique pour "conduire" son cerveau : le maîtriser, le diriger, le corriger. Cependant, il est nécessaire de prendre quelques "leçons de conduite".

Si les explications d'Emile Coué, pour justifier sa méthode avec ses nombreux domaines d'application, étaient limitées par les connaissances de son époque plus qu'elles ne le sont aujourd'hui grâce aux avancées scientifiques et technologiques, elles restent néanmoins justes et pertinentes car elles étaient le fruit de l'expérience et de l'observation. Altruiste, Coué était un esprit tolérant, scientifique et rationnel, mais non rationaliste. Ce fut la première source d'inspiration, et la plus importante, du Cercle Coué. C'est lui qui nous a inspiré le nom de notre association. Sa méthode simple, mais pas simpliste, reste l'un des meilleurs outils, pour mieux vivre et être autonome, que chacun peut pratiquer facilement, quotidiennement, n'importe où.

 

Jean-Paul Tanguy



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